Déstabilisé par cette perte de mémoire, je me lève en titubant et me dirige plus ou moins à tâtons jusqu’à la sortie.
Arrivé dehors, j’inspire un grand coup, regarde autour de moi. Tout semble pourtant si normal, si simple, si évident…Quelle sorte de traumatisme a pu endommager ma mémoire ainsi ?
Je me mets à marcher, ce qui m’étonne, c’est que bien que je n’ai aucun souvenir plus vieux que ce matin, je savais tout de même où était mon bureau, où se trouvait l’adresse sur ce carton, je reconnais les rues de cette ville, je peux marcher presque instinctivement jusqu’à chez moi.
Ça n’a aucun sens ! J’arrive chez moi, ouvre la porte de mon appartement et commence à parcourir les différentes pièces…il n’y a en fait pas grands choses dont je sois sûr qu’elles m’appartiennent.
Une photo, une paire de chaussures, un stylo, et mon appareil photo numérique.
Je mets tout ça dans un sac et ressorts aussitôt.
J’essaye de ne plus trop réfléchir à ce que je fais et je marche à vive allure pour revenir au bureau si étrange. Je marche la tête baissée, mais je n’y peux rien, mon regard parcourt de droite à gauche mon environnement. Je cherche une erreur, un indice, quelque chose qui fasse l’effet d’une étincelle, d’un déclic, mais rien. Rien n’y fait… tout cet endroit me semble si familier et pourtant si lointain.
Toutes mes interrogations reposent donc maintenant sur cet homme. J’arrive à l’adresse qui m’aura mené à tant de mystères, je monte au troisième, la femme à l’accueil me regarde à peine, la porte est déjà ouverte. Je rentre dans la salle d’attente, la traverse et arrive à la porte du bureau. Je fais une pause, reprends profondément mon inspiration et frappe à la porte.
« Entre, entre ! N’attendons pas ! »
Je rentre et me dirige vers le fauteuil, l’homme est debout, il regarde par la fenêtre, il semble inquiet.
« Faîtes voir ? » il se retourne et tend la main, je lui donne mon sac. Il pousse quelques affaires sur son bureau et dépose les différents objets.
Il se met à les observer méticuleusement, les manipule, les repose, les range dans un sens, puis dans un autre, puis encore un autre.
Je ne comprends pas trop ce qu’il essaye de faire avec, je reste néanmoins silencieux, presque aussi concentré que lui sur ces objets.
« Bien, je vais essayer de ne pas y aller par quatre chemins comme tout à l’heure, je m’en excuse d’ailleurs. Vous devez observez avec une grande attention ces objets, les toucher, les manipuler, les essayer, bref, faîtes ce que vous pouvez avec. »
Ça me fait penser à des exercices de psychologie, ou des trucs comme ça. Qu’importe, je m’exécute… Bizarrement le fait de toucher ces objets créé en moi un sentiment étrange. A chaque fois que j’en prends un, j’ai comme un fourmillement qui vient du milieu du dos et se finit en explosion dans mon crâne. Ce n’est pas désagréable, bien au contraire…ce n’est pas tout à fait un frisson, c’est plus précis, plus petit mais plus intense… à vrai dire je ne peux même plus me distraire de ces manipulations, ça devient compulsif, il faut absolument que je les touche, que je les prenne, que je les sente, les utilise, toujours, encore, plus longtemps.
« Au revoir, ce fut un plaisir »
Je ne prête même que peu d’attention à l’homme, il m’a parlé, je ne l’écoute plus vraiment, il faut que je touche, mon cœur s’emballe, mon estomac se serre de nouveau ! Je ne tiens plus assis, il faut que je me lève, il faut que je les touche tous en même temps ! Tous ! Ne rien lâcher ! Je les tripote frénétiquement, je deviens totalement agité, je ne me contrôle plus, je perds l’équilibre et tombe violemment contre le sol. Je me tords de douleur, mes yeux me brûlent et le bureau semble s’enfoncer dans un flou inquiétant. Je n’arrive plus à combattre, une violente migraine me saisi et me terrasse, je reste cependant les yeux ouverts !
Et d’un coup, plus rien. Mon rythme cardiaque ralenti, mon estomac se desserre, ma migraine passe et le flou semble se dissiper peu à peu, mais ce n’est pas le bureau que j’aperçois, mais une chambre d’hôpital…
Je suis dans un lit, une amie à moi est assise à ma droite, elle dort, un café encore fumant dans les mains.
Une infirmière entre par la porte de gauche et se précipite vers moi, mon amie se réveille alors.
« Tu es réveillé ! Haha, tu es réveillé ! » Son rire est nerveux, je ne saisi pas complètement ce qui se passe…
« 5 mois, 5 mois que tu étais dans le coma ! Mais c’est fini, tu es réveillé ! Tu es réveillé !!! »
1 commentaire:
joli, joli
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