Quelle est votre histoire préférée du Concours

mercredi 24 janvier 2007

C’est alors que… (suite de "rendez-vous" )

C’est alors que le bonhomme perd brusquement son sourire. Je suis tout d’un coup assez mal à l’aise.

« Asseyez-vous. »

Je m’assois, aussi bizarre que cela puisse paraître, je ne perçois aucune agressivité dans sa nouvelle attitude.

Il commence à parler, je sens qu’il faut que j’écoute, j’ai pourtant tout le mal du monde à me concentrer.

« Frédérique, c’est votre prénom ? En êtes-vous sûr ? Je veux dire, qui en a décidé ainsi ? »

J’avoue ne pas bien saisir où il veut en venir, mais je laisse continuer, je l’écoute. Son ton est grave, préoccupé. Je le sens pressé, mais il essaye de le cacher en prenant son temps pour m’expliquer des choses que je ne saisis que trop mal.

« Ça ne vous a pas semblé bizarre que vous receviez une invitation comme ça, d’un expéditeur inconnu, pour une raison inconnue ? »

J’hoche de la tête.

« C’est exactement vous que je cherchais, c’est vous que j’attendais, et c’est avec vous que je vais continuer, comment pouvez-vous donc expliquer que je vous ai trouvé ? Je n’ai pas l’air d’une société secrète, je ne suis pas un organisme de renseignements, pourtant, je vous ai trouvé parce que je vous ai cherché. »

Décidément, j’ai beau faire de mon mieux, je ne vois absolument pas où tout cela peut mener. Je fais un semblant de moue invitant à de plus amples explications ; qui ne tardent à venir.

« Votre journée ne vous a pas t-elle semblée bizarre, comme si tout se focalisait sur ce rendez-vous singulier ? Comme si le reste n’était que banalité insipide, forme d’image que vous vous êtes habitué à voir ? »

Qu’est-ce qu’il est en train de me faire ? Un spleen ?

« Ce que je veux dire, ce que j’essaye de vous expliquer…hmm, vous ne comprenez rien n’est ce pas ? »

Mon haussement d’épaules suffit à acquiescer.

« Vous ne vous appelez pas Frédérique, vous n’êtes pas dans ce bureau. Je ne suis même pas là. »

« Ah. »

C’est tout ce que j’ai trouvé à dire, je crois que ma bouche reste ouverte et mes yeux ont du mal à rester ouverts, je commence à être scotché à cette histoire.

« Vous avez vu Matrix ? Le film où la réalité est construite par des machines pour occuper les humains pendant qu’elles en retirent de l’énergie ? »

« Heu, oui…vous allez me dire que je suis une pile ? »

« Non, non, non, pas du tout, en fait, heu, ça n’a pas grands choses à voir. Mais vous savez bien que le monde n’est finalement que ce que vous y voyez, si vous ne voyez pas quelque chose, elle n’existe pas. Une chose n’existe qu’une fois qu’on l’a repérée, nommée, et définie. Enfin, la plupart du temps j’imagine… »

« Et ? Je suis dans un monde parallèle ? Je suis l’élu ? Je vais avaler une pilule ? »

« C’est très sérieux, mais vous n’êtes rien de toute cela. Ce n’est pas de la science fiction, c’est la réalité, rien n’a changé, je n’aurai pas dû faire la comparaison avec Matrix tout compte fait… »

L’homme marque une pause, je sens que ce qu’il va me dire va me déranger, comme un pré sentiment désagréable, mon cerveau commence déjà à s’emballer, mon cœur également, mon estomac se serre…

« Frédérique, ou quel que soit votre nom, pouvez-vous me dire à quand remonte votre plus lointain souvenir ? »

Je m’étonne de la question, je souris. Il me semble que c’est une question assez facile à laquelle je peux répondre en cherchant un peu. C’est là que tout s’excite, mon cerveau continue à s’emballer, mon rythme cardiaque a quelque chose d’anormal. Je commence à transpirer, le regard de l’homme est presque compatissant, le mien n’arrive plus à se fixer mentalement sur une image de souvenir.

« Je…mon plus lointain souvenir ? Je… Ce matin, …quand j’ai trouvé le papier… pour le rendez-vous. »

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Mr. Dozer STEPHEN KING :)

Anodos a dit…

Une coupure judicieuse entre la première et deuxième partie! Mais...
Si son dernier souvenir remonte au matin même du rendez-vous, lorsqu'elle trouve le papier d'invitation, et si elle se souvient avoir vu le film Matrix, c'est qu'elle a forcément trouvé deux heures et demie dans la journée pour voir le film.
Or, elle n'a pas pu le voir l'après-midi puisqu'à midi elle mangeait dans un restaurant médiocre et à 15h15 elle est au lieu du rendez-vous (en prenant en compte le temps de manger et les déplacements, les deux heures et demie sont dures à caler!). Elle l'a donc vu le matin. La question est maintenant de savoir si cette invitation est arrivée par la poste ou si quelqu'un d'autre la posée dans la boîte au lettre. Si c'est la poste, il faut absolument que le postier soit passé avant 9h30. Bien matinal le postier... Si ce n'est pas la poste, il faut se demander si la boîte aux lettres de Frédérique portait une mention "pas de publicité svp". Si oui, le dépositaire de la lettre pourrait être poursuivi en justice par Fred et elle pourrait devenir riche grâce à la justice!!! :-)

DoZeR a dit…

héhé !
mais c'est ça la feinte :cool: c'est comme si le personnage avait une mémoire interne à laquelle il ne peut pas accéder directement.
comme un fond de pensée.

et pis qui te dit que c'est une fille ?

Anodos a dit…

parce que je trouve cette histoire extrêmement sexiste au fond. Je veux dire, la seule femme y est une secrétaire!!!pfffff quel machisme dis donc!