Quelle est votre histoire préférée du Concours

jeudi 22 février 2007

Paru dans la presse 2

AFP
De notre correspondant à Vichy
Selon les résultats d’une étude rendue publique mercredi dernier par l'institut national de la statistique inutile (INSI), la France aurait enregistré une forte augmentation de la tendance à la gollumisation sociétale sur la période 2003-2006. En effet, l’étude montre une hausse, sur la période étudiée, de 72% des personnes atteintes d’une gollumisation sévère et de 156% des personnes atteintes d’une gollumisation banale ou de faible intensité.
Ces chiffres corroborent l’apparente tendance à la gollumisation observée récemment par la plupart des médias, qu'ils soient écrits, télévisés ou radiophoniques. Ces derniers ont en effet multiplié par quatre le nombre de reportages traitant de ce sujet, et par dix le nombre d'intervenants ressemblant de près ou de loin à Gollum.
Plus inquiétantes encore sont les implications d’un tel phénomène. En effet, la personne gollumisée tend à se courber, à perdre ses cheveux et à pâlir, si ce n’est à bleuir. De plus, la personne atteinte d’une gollumisation sévère est susceptible de subir un élargissement conséquent du globe oculaire, provoquant glaucome, cataracte, oconcerchose ou tout simplement effroi chez des tiers. Certains employeurs ont d’ailleurs demandé le retour de la photo sur les CV afin de déterminer à l’avance si un candidat est exempt de toute gollumisation ou non.
C’est à la suite du scandale du licenciement du présentateur célèbre Frodon Sauronel par la chaîne France 2 que la tendance à la gollumisation a été mise au jour. M. Sauronel s’était vu confisquer, le 15 juin 2006, la présentation de l’émission «Questions pour un anneau» pour manque de respect envers les candidats de l’émission, auxquels il se référait impunément par la locution « my prrreeeecccccciiiouussssssssss ».
L’affaire est en passe d’être résolue à l’amiable, sur la seule et unique condition que M. Sauronel se retire dans une grotte aux confins des Alpes, où il pourra s’aigrir en toute tranquillité et manger des poissons morts pendant plusieurs millénaires. Dans le cas contraire, France 2 n’aura d’autre choix que « le retour de M. Sauronel à un institut spécialisé de gandalfisation», selon le porte-parole du groupe, A. R. Agorn.
M. Sauronel avait déjà fréquenté un tel établissement entre le 15 juin 1995 et le 12 octobre 2001, date à laquelle il sortit, fort d’une barbe blanche de plusieurs mètres de long et d’une fâcheuse tendance à se prendre pour un magicien destiné à sauver le monde, mais apparemment guéri de toute tendance à la gollumisation.
Le retour de M. Sauronel dans un institut de gandalfisation pourrait marquer le début d’un recours massif à ce type d’institution pour guérir les personnes gollumisées, ce qui, selon Mme Chauve, porte-parole de l’ONG Personnes Laides du Monde, « serait dramatique, dans la mesure où il est à ce jour impossible de différencier un cas de gollumisation d’un cas de laideur naturelle. Imaginez les conséquences d’un tel choix ! Les personnes laides pourraient être envoyées arbitrairement dans des instituts de gandalfisation, sous prétexte d’être gollumisée, alors qu’elles n’ont jamais été atteintes de cette maladie. Imaginez les nouvelles possibilités de délation dans un pays historiquement plus Vichyste que ...euh... Vichy ! »
Dans cette ambiance délétère, le gouvernement vichyste, euh français pardon, devrait établir une commission d'enquête pour examiner la possibilité d'une éventuelle restriction des entrées dans les instituts de gandalfisation, et, le cas échéant, les modalités d'une telle restriction. Affaire à ssssssssssssuivre.

mercredi 14 février 2007

le jeune: comment lire une lettre d'un employeur qui pète plus haut que son cul.

Cher Monsieur,
bon djà, keski fou à m'pler msieur c'crétin
Je m'étonne un peu de recevoir un mail de votre part,
'tone toi kuyon. t'as encor' rien vu!
mail dont la teneur et le ton m'étonnent plus encore.
teneur? 's'fout d'ma gueule l'ot ou koi?!
Je ne vous connais pas, pas plus que vous ne me connaissez et je ne suis aucunement lié à vous.
'core heureux. st'es même po cap' de dir lé choses 1 fois, sans lé r'péter
Quant à ce qui concerne Isabelle (et ne vous concerne pas) mon engagement vis-à-vis d'elle était et reste on ne peut plus clair :
pt'ain 'va dir combien d'oif ksa m'concern po! psychoqwak l'mec
elle ne serait payée qu'à la seule et unique condition que je vende mon scénario.
ayéeee!bravoooo! là t'es en train d'dire kékchose! dis cke ta a dir mec!
Cette condition n'étant pas encore remplie, je ne lui dois rien pour l'instant.
ouéééé! j'limen dit l'arnakos!
J'espère évidemment que la situation changera vite et serais très heureux de lui verser la somme convenue en cas de vente de mon scénario.
évidemment... très heureux, mon c**
La période de 5 mois que vous évoquez était purement indicative et je le répète ne vous regarde pas !
waoouu! l'a 'cor réussi à caser ksa m'regardait po! for l'mec, très for!
De plus, pour votre information, si le "travail" de relecture dont vous vous prévalez avait été meilleur,
koi?!! tdis kchui 1 kiche fils de p***?!
je ne perdrais pas mon temps, aujourd'hui encore, à réécrire en anglais, à l'aide d'une anglophone, mon scénario :
oué c'ça. pov ch'chote l'ot! loser temporel. jte pari ki sla tape sa brit' là!
je conseillerai donc à Isabelle de revoir largement à la baisse vos émoluments qui me semblent, vu le résultat au mieux excessifs, au pire présomptueux.
"p'tain comment il y va!! émoluments toi même?! pt'ain l'insulte du cap'tN adoc! ouééé l'moul'a gauf l'ot"
Cordialement.
oué genre en gros fuck off quoi?!

lundi 12 février 2007

Suis moi !

Ça fait un moment que je le sentais, maintenant j’en suis presque sûr, il me suit.
Depuis que je suis parti, il me suit. Il est discret, c’est sûr, mais je l’ai senti. J’accélère le pas et essaye de le semer, mais rien n’y fait, je sens toujours sa présence prés de moi. Je jette un regard par-dessus l’épaule mais je ne vois rien.
Je décide de m’installer dans un café et observer qui y rentre ou sort, pour essayer de découvrir qui me suit ainsi.

Je ne remarque rien. Tout ces gens me semblent inconnus et complètement désintéressés par mon cas. Et pourtant, je suis persuadé qu’il est là quelque part.
Mes muscles se serrent, je ne sais pas ce qu’il me veut, j’ai beau cherché, je ne vois pas quelque chose que j’aurai fait qui aurait pu attirer l’attention de qui que ce soit…

C’en est assez, je me lève et quitte le bar. Bien évidement, je le sens toujours. Je décide de courir, le plus vite que je peux, je cours comme je n’ai jamais couru, toujours et encore.
Après 20 min de course effrénée je m’arrêtes pour reprendre mon souffle…j’ai cru deviné son ombre au coin de la rue…je m’en approche, je longe le mur et m’avance le plus discrètement possible, je suis maintenant au bord du mur, je devine sa respiration, j’entends presque les palpitations de son cœur. Il est calme, silencieux et définitivement patient. Au moment où je voulais me jeter sur lui, je ne sais pas ce qu’il m’a pris mais j’ai couru dans le sens opposé…

Bien évidement, il m’a suivi. Mais je ne veux plus y faire attention, alors je décide de ralentir et de profiter de ma journée au maximum, allant de droite et de gauche. Je découvre des quartiers que je n’avais visités.

Il est toujours là. Je le sens de plus en plus prés, mais je me suis fait à sa présence, il ne me fait plus peur, au contraire, je me sens moi-même proche de lui, comme si je comprenais son attitude.

Je ne le fuis plus, je l’emmène avec moi dans tous les endroits que j’aime, je lui fais découvrir ce que je suis, il me suit sans dire un mot et observe certainement avec moi toutes ces curiosités que nous offre le monde.
La journée se termine, je rentre chez moi, la tête remplie de questionnement et d’étonnement.

Je mange, je prends une douche pour me détendre, je me mets en pyjama, je me couche.

Jamais plus je ne me réveillerai, à mon tour de le suivre.

samedi 10 février 2007

Pérégrination routière - ou la vie palpitante d'une conductrice acharnée -

Dix minutes au retour…plutôt bon timing ! Il faut dire qu'elle s'est fait plaisir... De nuit, comme ça, les petites routes de campagne en pleins phares avec des pointes dans les lignes pires que droites. Si ses parents la voyaient!

Elle passe dans la rue à côté de chez elle, ralenti. Le chauffage ne crache que sur ses pieds, c'est le choix qu'elle a fait en tournant le bouton au maximum à droite. C'est bien d'avoir les pieds au chaud, mais que fait-on du reste ? Le dos, la nuque… elle frissonne et pourtant ne modifiera en rien la direction du souffle.

Elle est passée dans la rue à côté de chez elle, mais n'a pas pris le virage à droite. Elle a tout juste ralenti. Pas d'hésitation en fait. Droit devant, toujours tout droit. Mais qu'est-ce qui lui a prit de remonter jusqu'en haut de la ville ? Elle n'avait rien à y faire, personne à voir. Pourtant elle y est montée. Un coup d'accélérateur. La rue principale est déserte. Elle en profite, une petite pointe à 90 dans une zone à 50. Peut-être simplement pour entendre le ronronnement rassurant du moteur, sentir les vibrations se répercutant dans la pédale d'accélération et au travers des semelles de ses baskets.Elle ne le sait pas elle même en fait.

Les pieds au chaud, la tête au froid. Elle accélère, espérant secrètement que sa vie fera de même.
Elle rétrograde. Quatrième, troisième, seconde, puis la première pour aborder un virage serré. Parce qu'elle voudrait pouvoir freiner sa vie en appuyant sur une simple pédale. Qui contrôle réellement cette machine?

Elle passe devant l'école maternelle. C'est déjà oin derrière... très loin… Son lycée à présent à sa gauche, disparaît déjà dans le rétroviseur. Trois longues années… tout cela se résume aujourd'hui en deux vieux bâtiments et quelques préfabriqués sur un si petit bout de terrain mi-goudron mi-verdure. Du provisoire définitif. Il est loin, le temps des cerises ! La maison de retraite… Non, il n'est pas encore temps. En revanche il faudrait qu'elle retourne visiter "mamie gâteaux". La mamie du dessous, elle n'y voyait plus très clair, mais elle savait parfaitement ce que venaient chercher, presque chaque jour, ses petites voisines, pas plus hautes que le bouton de la sonnette, lorsqu'elles venaient chez elle.
Elle n'aime pas les maisons de retraite.

Direction la cellule familiale. Et si jamais elle faisait encore un détour par la ville d'à côté ? Si elle allait se perdre dans le vignoble? Elle aimerait qu'il vente. Alors elle ouvrirai ses bras, respirait l'air frais et crierai de toutes ses forces en tournant sur elle même. Mais bon, à son avis, ça ne marche que dans les films ces trucs là... Elle aimerait qu'il pleuve, pour danser sous la pluie… mais pas ce soir. Que non, cela ne serait pas raisonnable. La tête froide, les pieds au chaud, elle prend une inspiration et le chemin du retour.

"S'lut tout l'monde...". Son père regarde la télé, sa mère l'écran du portable.

jeudi 8 février 2007

Parle à ma main.

-Le problème quand on est étudiant c’est qu’il semble normal de nager en plein flou.
Les mêmes questions reviennent inlassablement : tu fais quoi comme études ? Et en gros, tu fais quoi ? Ça mène à quoi ? Et l’année prochaine tu fais quoi ? Tu sais où tu seras ? Tu penses aller jusqu’où ? Bon en soit le problème n’est pas vraiment là, après tout ce genre de questions sont essentielles pour entamer la conversation avec quelqu’un de nouveau. Il vaut mieux alors se préparer à y répondre. Le plus original sera le mieux, j’étudies le monde, et en gros je ne fais pas grands choses, ça mène droit au mur, donc l’année prochaine je fais un BTS démolition qui sera là où se trouvera le mur, je pense aller jusqu’à la 5ème rangée à partir du sol, juste pour pouvoir enjamber ma vie étudiante et passer à la vie « professionnelle ».
Passer à la vie professionnelle, comme si tout ce que tu faisais avant pouvait se résumer à de l’amateurisme !
Avant je mettais mes chaussettes à l’arrache dans mon tiroir, maintenant je suis un professionnel, je les trie par paire et je les range correctement à côté des slips et caleçons.
Avant je buvais du lait chocolaté, maintenant je bois du thé ou du café.
A dire vrai, le passage au professionnalisme se fait en douceur. On apprend à être autonome.
C'est-à-dire, avant tu marchais sur secteur, branché sur tes parents, au fur et à mesure tu te mets à marcher avec tes propres batteries, et autant dire que tu te retrouves de plus en plus souvent à plat !
Non mais on a beau se plaindre, la vie étudiante ça reste les meilleures années de notre vie. Etant donné qu’on n’a pas grands choses avec quoi comparer si ce n’est le passé, on ne prend pas trop de risque à se dire qu’il faut profiter au maximum du présent !
Surtout quand on se souvient que notre avenir est flou au possible…mais ça a au moins un intérêt. Si, si, quand on y pense, c’est la seule période où on peut assumer le fait d’être stupide tout en paraissant intelligent, à moins que ça ne change pas trop avec le temps…
En attendant, se promener en tant qu’étudiant dans la rue c’est carrément être le roi du monde, tu regardes collégiens et lycéens de haut, tu regardes les « vieux » avec dédain et tu es persuadé que la nébuleuse de vie dans laquelle tu évolues est la seule qui existe et que sans les étudiants, toute ville où quartier serait d’un ennui mortel.
L’étudiant roi du monde ! Tous les puissants ont pourtant leurs faiblesses, et il faut bien dire que l’étudiant en est perclus ! Première défaite régulière d’une journée : le combat contre sa couette, la suite s’accumule où s’alterne, tout dépend. Le peu de courage à prendre un petit déjeuner, le découragement face au besoin de cuisiner pour manger, la difficulté des choix vestimentaires pour une journée banale, la tenace envie de continuer sa nuit en cours…
Mais ces égarements quotidiens ne sont pas ce qu’il y a de plus caractéristique, l’ami fidèle du jeune en poursuite d’étude c’est le doute.
Le doute parfois mène même à une complète modification des choix d’études ce qui conduit par la suite à l’augmentation du flou dans lequel l’avenir est plongé !
L’étudiant fini par douter de tout. Le prof dit il la vérité ? (Ce doute né généralement pendant la période lycéenne, cependant certains le découvrent uniquement à partir de la première année d’étude supérieure). Le monde nous ment-il ? La Guinness est-elle réellement meilleure que la Carling ? Aurais-je du mettre mes chaussures rouges ? Cette fille en vaut elle vraiment la peine ? Y’a-t-il une vie entre 6h et 10h du matin ? Et pourquoi j’ai choisi cette option déjà ?
Enfin voilà, je sais pas si tu vois ce que je veux dire au final ? »

-Sorry, but I really can’t understand or speak French, what were you saying?
-Never mind, go dancing?
-Yep! ‘Course!

mercredi 7 février 2007

Pif paf pouf

Il parait que je dois écrire.
Ecrire quoi ? Ecrire pour quoi faire ?
Il y a des gens qui écrivent pour passer le temps, d'autres pour faire des sous, d'autres encore pour soulager leur fort intérieur. Et puis d'autres qui écrivent juste pour écrire.
Tiens, si j'écrivais une histoire (comme de par hasard !)… du jamais vu, aller, soyons originale… mmmhh… Un conte remit au goût du jour ?

"Go go go!" comme dirait l'autre!

Il était une fois un jeune cadre dynamique tellement overbooké qu'il n'a pas le temps de se trouver une femme. Un jour, pour rigoler, il s'inscrit sur plusieurs sites de rencontre (parce que pour ça il a le temps hein…Si c'est pour blaguer –ou draguer-, alors c'est essentiel.).
Il était une fois une jeune cadre overbookée, tellement dynamique qu'elle trouve le temps de s'inscrire sur des sites de rencontre, en plus de son emploi du temps de ministre (elle trouve toujours le temps pour ça. C'est bien un truc de femme ça, le côté relationnel !).
Pif paf pouf, ils en viennent à se rencontrer, se fréquentent lorsqu'ils trouvent un créneau dans leur agenda aux pages noircies de rendez-vous.
Pif paf pouf ils se marient.


Pif paf pouf un môme… puis un autre (la fécondité moyenne pour une femme française de notre époque étant de 1,6 enfants par femme, nous nous arrêterons donc à deux chérubins… considérant que l'on frôle déjà là un cas de "famille nombreuse"). Je vous passe les détails genre les horaires de crèche incompatibles avec les horaires de boulot, les enfants qui évoluent dans une pesante absence de parents biologiques, la nounou qui devient la "maman du lundi au vendredi, 7h45-19h30, et quelques permanences un week-end sur deux".

Pif paf pouf, métro, boulot, dodo. Et le temps passe, les enfants sont en pensionnat. Le plus tout jeune mais pas encore vieux cadre dynamique et la pas très vieille mais plus très jeune cadre overbookée décident de divorcer… pour se pacser. Après tout pourquoi pas, si l'on peut obtenir des avantages financiers sans subir les désagréments du mariage…chacun y trouve son compte !


Les enfants vont bien merci. Ils viennent profiter de la maison aux prochaines vacances d'avril… et pendant qu'ils gardent la maison, nous avons casé un petit tour du monde en amoureux pour le boulot. Après tout, si l'on peut concilier travail et plaisir, pourquoi se priver ?
Pif paf pouf, les plus très jeunes mais pas encore vieux cadres relativement dynamiques décident de prendre un tournant dans leur vie. Ils vont engager un avocat, et dissoudre leur Pacs. Après tout, pourquoi chercher à régler des problèmes de couple quand on a une solution "pré mâchée" à portée de signature ?

Pif paf pouf, ainsi va la vie, ainsi va le métro, ainsi va le boulot, et puis hop, au dodo !


Pif paf pouf, la cadre overbookée en a marre de cette vie de femme pressée. Elle décide de tout lâcher. Les enfants sont presque grands à présent. Et puis elle les verra un week-end sur trois, c'est déjà ça. C'est décidé, elle va désormais s'adonner à la broderie en points de croix. Il parait qu'elle est douée pour ça, c'est sa grand-mère qui le lui a dit, quand elle était petite. Elle s'installe donc chez son nouveau compagnon. Un petit paysan de la banlieue. Il est veuf et a cinq enfants. Il n'a pas de montre à son poignet, et vit au rythme du chant du coq. Lui aussi fait du point de croix, c'est au club qu'elle l'a rencontré (va savoir ce qu'un paysan fait dans un club de broderie au point de croix !). Elle est heureuse, c'est le principal.

Pif paf pouf, le cadre routinier n'en a pas marre de ses récurrentes journées. Il continue, encore et encore, c'est plus le début, d'accord, d'accord… mais ça va encore.
Il épouse sa secrétaire, mère "célibattante" d'une trentaine d'années (après tout, ça ne fait que 15 ans de différence d'âge entre eux), dans moins d'un mois, et tant pis pour les avantages du Pacs. Le mariage, quelle institution, c'est beau quand même !

Pif paf pouf…
… ils vécurent heureux et eurent une grande famille recomposée, chacun de leur coté.

lundi 5 février 2007

Paru dans la presse

AFP
De notre correspondant au Liberbidaroustein

Des centaines de milliers de manifestants ont répondu à l’appel de la Commission Internationale pour la Défense des Droits des Petites Histoires (CIDDEPH) et ont défilé, le samedi 3 février 2007, dans les rues des plus grandes villes européennes.

Si Londres, Berlin, Got, Vilnius, Knock-le-Zout et autres lieux de villégiature dont l’importance n’a d’égal que la vitalité d’esprit d’un parisien métroïste à 7h27 le lundi matin n’ont pas été épargnés par le flot incessant de manifestants, c’est à Paris que l’affluence pro’tithistoriste a été la plus forte.

Les grands axes parisiens ont été submergés par une foule exaltée d’ultra-historiciens arborant les couleurs de l’Organisation Internationale des ‘Tithistoristes Unis (OITU).

En tête du cortège se trouvait la figure emblématique du mouvement ‘tithistoriste M. Léonard Ibrahim Shanza Caméamé Ahmed (connu sous l’acronyme LISCA), dont l’activisme et la passion ont permis de projeter sur le devant de la scène internationale la question du droit à l’existence des petites histoires.

D’autres sympathisants plus modérés à la cause ‘tithistoriste ont manifesté leur soutien au mouvement en affichant aux fenêtres de leur maison ou sur les devantures de magasin le drapeau du Back to Real Art and Variety Organization (BRAVO), par ailleurs brandi à outrance lors des manifestations de samedi dernier.

La valeur optique de la manifestation a atteint des sommets d’exotisme et de fraîcheur, alors que les couleurs de l’apparat rouge, bleu, ivoire, vert, café, jaune et blanc d’ŒUFH (Organisation Etudiante de l’Union Française pour les Histoires) se mélangeaient dans une fusion de brillance et d’artifices.

Quant à la valeur sonore de l’événement, elle a renvoyé aux oubliettes les prestations d’antan de la Catasfiore, dépassant parfois la barre des 200 décibeldemevoirdanscemiroir.

Les slogans scandés par la foule étaient divers et neufpieds : « Il était une fois le fachisme anti’tithistoire », « Une histoire petite surpasse les grands mensonges », « La France aux ‘tithistoristes », etc.

Seule la valeur intellectuelle a été laissée pour compte, chutant sous les profondeurs abyssales du QI de l’étudiant moyen du système universitaire.

Ces manifestations font suite aux publications racistes et anti-‘tithistoristes du site http://histoiresbreves.blogspot.com dont le titre affiche sans pudeur aucune « Il n'y a pas de petites histoires ».

La forte minorité ‘tithistorienne de l’UE s’est offusquée des ébaudissements libertaires du groupe néo-écrivailleur d’histoiresbreves.com et réclame actuellement la fin de l’impunité judiciaire pour les propos anti-‘tithistoristes ainsi que la mise en place d’une Commission d’observation chargée du respect du droit d’existence des petites histoires. M. Caméamé Ahmed affirmait lors d’un entretien accordé au journal Propagande : « Nous ne cherchons pas à établir un Etat ‘tithistoriste. Le peuple des petites histoires est un peuple d’intégration, vivant perpétuellement dans une diaspora volontaire. Seulement, nous voulons assurer le respect de notre droit à l’existence. Nous avons le droit d’exister. Nous sommes des petites histoires. »

dimanche 4 février 2007

La Phrase

[ De la part de Jezz, frère exilé à la capitale, qui m'a prestement demandé de laisser ici les quelques magnifiques lignes émanant de ses mains... ]

« … la profonde inanité de notre raison d’être… »

Il sourit. Elle est revenue. Ils ont un jeu, tous les deux, un jeu intime et bien à eux. La phrase est là, occupant son esprit, ça faisait longtemps qu’elle n’était pas apparue. Depuis maintenant des années, mais comme toujours elle revenait au moment le plus inattendu, pour lui faire un clin d’œil.

La première fois il avait… il ne sait plus. Ça remonte tellement loin. C’était une phrase, ou plutôt un extrait de phrase, quelques mots mis bout à bout, qui ne faisait pas vraiment de sens. Quelle était sa raison d’être, pourquoi se poser la question de sa valeur ?

Il lève les yeux de son écran, se déconnecte du serveur sur lequel il travaillait. Après tout, la phrase l’a complètement interrompu. Il peut voir dans les bureaux alentours ses collègues travailler, du moins ceux qui restent encore. Des célibataires, souvent, ou certains qui essaient au bureau d’oublier une immuable et vide routine familiale.

La Tour s’était vidée petit à petit, comme elle le fait tous les jours. À 17h00 les secrétaires s’en vont. Elles vont rejoindre leur famille, chercher le petit dernier à l’école, aller à la gym, faire des courses, ne pas oublier de mettre une casette dans le magnétoscope. Leur départ laisse les couloirs vides, silencieux. La moitié des bureaux sont encore allumés. Une heure plus tard les femmes de ménage viennent vider les poubelles. Alors commencent à partir les commerciaux, les ingénieurs, les chefs de service. Ils mettent une dernière touche à un rapport, se jettent les manteaux sur les épaules et saluent les retardataires en fermant leur bureau.

La Tour est vide maintenant. Il reste devant la fenêtre, il a éteint la lumière pour contempler la ville à ses pieds. Des voitures s’entassent dans les rues. Les artères illuminées dessinent les contours des arrondissements. En face de lui le phare de la Tour Eiffel lui fait un clin d’œil, puis repart balayer la nuit de son œil unique, cyclope nocturne de métal centenaire.

La nuit avance et les rues se vident. Il devrait rentrer, retourner dans son appartement. Quatre murs, un lit et une radio, des bouteilles d’alcool vides et des verres encore collants. Dormir quelques heures avant de revenir demain matin. Recommencer jour après jour les mêmes tâches. Et surtout ne jamais se poser de questions, ne pas de demander pourquoi.

La phrase est toujours là, elle dessine l’arrière plan de ses pensées. Il se demande où elle était cachée ces derniers temps. Était-elle vraiment partie, d’ailleurs. Elle était sûrement restée finalement, simplement il l’avait éliminée. Il s’était inventé des raisons de vivre, avait fabriqué des leurres pour tromper l’angoisse latente d’une question trop crue, trop intime pour qu’il l’affronte tous les jours. Il avait du s’auto justifier, se raconter de petits mensonges jour après jour pour croire que ce qu’il faisait servait à quelques chose. Étudie pour trouver un travail, pour accroître ton savoir. Aime cette fille et soit aimé en retour, apporte du bonheur autour de toi, soit heureux.

Ces raisons semblent si futiles ce soir, derrière cette vitre. L’amour naît, vit et meurt. Tous ces efforts pour finalement revenir à cette question qu’il avait cru tuer à jamais par une activité sans cesse renouvelée. Il se sent devenir fou. Ou trop lucide peut être. En pleine dépression en tout état de cause.

Si encore il avait suffisamment de raisons pour ouvrir la fenêtre et enjamber le parapet. Mais ça serait encore donner trop d’importance à ce qu’il ressent. Avouer qu’il s’est trompé quelque part, qu’il aurait pu faire des choix différents. Chercher à apporter une réponse définitive à la phrase, comme si sauter allait l’amener dans un autre endroit. Croire qu’il existe un ailleurs où trouver du sens.

Un tour de clé raisonne dans le couloir. C’est l’ascenseur qui le ramène au niveau du sol. Pour cette fois. Et demain il reviendra reprendre le cours d’une vie sans but.

Il regarde en l’air, cette fenêtre où il était quelques instants auparavant. Est-ce qu’on entend le vent siffler dans nos oreilles quand on saute ? Il sourit.