Quelle est votre histoire préférée du Concours

jeudi 29 mars 2007

Ruben Zdeneck

Voilà une petite histoire qui ne s'inscrit pas dans la petite série entamée récemment et qui porte l'entête [...], c'est juste une ancienne histoire que j'avais écrite et que j'ai remis à jour rapidement pour le blog ! Alors bonne lecture...
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Ruben Zdenek, violoniste, joue pour son quarante troisième anniversaire, une valse. Les quelques invités l’écoutent religieusement, assis sur les chaises de bois de la petite pièce. On entendrait presque en ces lieux de paix immaculée le silence soupirer, tandis que les langoureuses notes s’échappent des doigts du musicien. Chacun retient son souffle, s’imprégnant des sons et des lentes mélodies, les yeux fixés sur cet archet qui va et vient sur les cordes, tantôt agité d’on ne sait qu’elle fougue impétueuse, tantôt se mouvant de manière angélique sur les filins qui vibrent à peine. Alors toutes ces paires d’yeux impressionnées s’éclairent d’une flamme perlée, tandis qu’une douce larme s’arrête sous la paupière. Alors, dans la musique envoûtante, la vie semble s’inviter parmi les convives distribuant ça et là un souffle qui réchaufferait les cœurs les plus meurtris…
Ruben est pauvre, très pauvre. Ses amis plus aisés le savent et ont un profond respect pour lui, car c’est un homme brave, honnête et gentil. Il aide plus les gens qu’il ne s’aide lui-même, partageant avec tous l’amour qui émane du cœur qu’il tient dans la main. Il n’a jamais rien demandé à personne. Il y aurait tant à dire d’une personne si remarquable, mais se ne serait que plus dur de finir cette histoire. N’y voyons donc qu’un de ses hommes qui transpirent l’amour de son prochain, également musicien passionné, tirant de réconfortants morceaux de son vieux violon, dès que l’occasion se présente.
Mais Ruben Zdenek est juif. Et comme tout juif en 1943, il est contraint de se cloîtrer avec des milliers d’autres dans un ghetto, le ghetto de Varsovie. Sa vie se déroule tant bien que mal dans un petit appartement, partagé avec son frère et une famille de sept personnes, les Pershmann. De ce logis, personne ne possède vraiment de moyens, et chacun se doit de participer au travail, et à l’économie de la maison, afin que tous puissent manger à leur faim. Tous les jours, dans la peur du sombre dehors, Ruben Zdenek s’éloigne à travers les rues afin de travailler de son art. Il se rend aux demeures des juifs aisés, qui malgré le conditionnement du ghetto profitent de leur fortune en s’entourant d’amis et de musiciens pour se distraire quelques instants des bassesses que leur offre la vie. Le commerce de notre violoniste marche ainsi au bouche-à-oreille, et il écume jours après jours les salons des riches, pour distribuer de sa paix en échange de quoi manger. Et les gens se félicitent de cette sensation bienfaisante que crée Ruben en musique, pouvant s’égarer quelques instants dans des souvenirs heureux. Ces songes sont bien la seule chose que les nazis ne peuvent prendre encore pour enlever toute la joie qui reste aux juifs. La seule et unique chose… Ruben aime voir le bien de sa musique sur ces compatriotes qui l’entourent. Ils sont, en fin de compte, tous comme lui. Tous, malgré leur différence sociale, parqués dans une prison, un ghetto. Ils ne comprennent pas beaucoup plus que lui leur sort…
La valse se termine sur une cadence parfaite, qui résonne dans la pièce pendant de longues secondes. Les convives respirent enfin, un sourire aux lèvres, le regard bien loin d’ici, et s’en vont sans un bruit. Chacun de son côté. Ruben replace l’instrument dans sa vieille boîte, il empoigne quelques partitions et s’habille pour sortir, il est attendu chez un riche juif, anciennement directeur d’une grande firme.
Pourtant, en cette fin d’après-midi, la rue ne vit point, le ghetto est vide et calme… Trop calme peut-être, en tout cas suffisamment pour inquiéter Ruben. En effet, Il y a eu beaucoup de déportations depuis un certain temps et Ruben le sait. Il a peur. Un très mauvais pressentiment l’assaille. Il y a des gens partout d’habitude. Quand on s’isole là où vit Ruben, dans une froide et petite impasse, on met un certain temps à s’avoir ce qui se passe partout dans le ghetto. Il n’est pas sorti depuis le matin, quant son frère, il n’est pas non plus revenu à la maison depuis un certain temps. Ruben se met à courir dans les rues, désespérément. Il ne court pas vite. Voilà la petite place où habite l’ami de son frère, Oscar Wierske. Un homme surgit en face de lui en filant à perdre haleine. Il est en sueur et sa face livide traduit une peur terrible. L’homme porte un habit en loque soutenu par des petites ficelles rêches. La noirceur de son visage s’altère par endroits de grosses gouttelettes sombres d’un sang qui provient de plaies diverses qui apparaissent par endroits sur son corps. Le tableau offre une vision au pauvre musicien juif, qui observe avec effroi ces couleurs, tirées d’un style méconnu. En bégayant, Ruben parvient à demander, tremblant :
« Dis moi ce qui se passe. Je… Je cherche mon frère…
- Les SS arrivent ! Ils cherchent à vider ce pâté d’immeuble. Dit-il presque suffocant en montrant vaguement du doigt une ruelle. La place où tu vas grouille de soldats. Ils sillonnent les rues et emportent les juifs. Tous… Ils tuent ceux qui ne veulent pas les suivre. Ils les battent, ils m’ont battu…
- Oh, mon dieu ! Mais où peut-être mon frère ? Il… Il faut que j’aille aider. S’inquiète-t-il.
- Oublie les autres et fuis ! Ils vont te prendre. Ne vas pas là-bas. Ergote l’inconnu. Plusieurs des nôtres ont tenté de fuir... Une dizaine, Ils ont tirés. C’est un massacre… Une dizaine de morts ! J’ai réussi à m’en sortir en me cachant. » Finis le juif en éclatant en sanglots.
« Ma femme est restée là-bas… Hoquète-t-il. C’est horrible. Ma femme… »
Il se reprend alors, essuie ses larmes et puise au plus profond de son être la force de se redresser. Sans un mot il se remet à courir… Ruben reste immobile, figé de terreur. A son tour, il reprend son souffle, et recalant son violon sur ses épaules rachitiques, il se dirige pantelant vers la place. Les premiers corps se présentent en effet, allongés au milieu de la chaussée. Des adultes principalement… Le sang coule, par minces filets jusqu’au caniveau. Ruben s’arrête à nouveau devant la scène atroce, et tombe à genoux de désespoir. Comment les SS font-il pour en arriver à ça ? Comment font-il pour en arriver là ?… La pensée de son frère le reprend alors avec force, et il repart. Il faut qu’il trouve son jeune frère. Il court dans une rue, puis en descend une autre. Ca y’est ! Il entend des cris… Les SS ne sont pas loin. Un sentiment de haine et de dégoût pour ces bourreaux SS s’empare de lui d’un seul coup. Jamais, il n’avait jamais pensé du mal de quelqu’un. Jamais… Ses pas le portent jusque dans la rue Vliska. Deux corps sont là, allongés en contorsions horribles, abattus alors qu’ils fuyaient. Des valises arrachées gisent ça et là. Fermant à demis les yeux d’accablement, il retourne le premier corps, dont le visage gît dans le caniveau. Ce sont les traits d’Oscar qui se figent dans le sang coagulé… Le meilleur ami de son petit frère, Ruben hoquette furieusement et s’approche lentement du second cadavre dont la tête est également cachée. Son bras tremblant empoigne le mort à l’épaule et le bascule. En un douteux craquement, ce dernier pivote vers le musicien qui ne peut retenir un cri… Son frère garde le calme air familial des Zdenek dans la mort qui l’a pris trop tôt…
« Non !! Pas lui, Seigneur… Pas mon frère, non ! Pourquoi ? Non, non et non ! Rugit-il avec toute la misère du monde dans la voix. S’il te plaît mon dieu… Pardonnes-moi, mais ce n’est pas possible ! Il n’a rien demandé. Il n’a fait que vivre pour toi ! Ahhhhhh… » Ruben titube et regarde encore le résultat de la décadence des hommes. Il s’écroule sur le corps frêle de son frère. Son regard hagard et ténébreux montre l’incompréhension de sa mort qui restera, de toute façon insignifiante pour la face du monde. Personne ne se souviendra du jeune Loleck Zdenek, mort dans la petite rue Vliska. Et à cette pensée, Ruben pleure à chaudes larmes. Qui saura encore qu’ici bas fut gaspillé l’homme tant de fois, d’un seul geste. L’humain, de tous les temps, doit se battre contre l’ignorance, et la sous-estime de la vie. Il repense tristement aux souvenirs heureux qu’il avait de son frère. Les espérances d’un cauchemar s’échappent même, aux vents incertains de la sombre Histoire. Trop horrible, pour un cauchemar… Un SS arrive au bout de la rue, une fillette à la main. La petite le suit tant bien que mal les gigantesques enjambées du jeune soldat, lançant le plus loin possible ses petites jambes fatiguées. Le SS aperçoit Ruben et épaule aussitôt son fusil : prêt à tirer.
« Relève-toi, sale juif ! Vite, j’ai dit. Ruben continue à pleurer sur le sort de son frère. Relève-toi ! Tu veux mourir chien ? Répond ! Quel est ton nom ? »
Le juif semble alors enfin entendre la voix tonitruante, et relève vers le SS son visage en larmes.
« Peut m’importe désormais… Tu peux me tuer. »
La fillette observe Ruben de petites mirettes innocentes. Il gît encore piteusement au sol, les bras entourant fermement le corps de son frère, dont la vie s’est envolée. Le visage lézardé de larmes du juif fixe encore sans cesse les traits crispés du petit soldat, qui tient fièrement un bien gros fusil.
« Tu as intérêt à te relever crois moi ! Continue-t-il avec un ton menaçant. Son visage se tourne alors sur la boîte restée au sol près de sa victime. Qu’est-ce que c’est ça, hein ? »
Ruben s’en saisit lentement, le visage triste et répond presque indistinctement :
- C’est mon violon… »
Les mots ont difficilement franchi les lèvres de notre pauvre personnage, mais une étrange force vient de nouveau l’habiter au toucher de cette vieille boîte, chaleureuse et porteuse d’une histoire… Il sort l’instrument et l’épaule, sous les yeux éberlués du SS, qui lui brandit bien d’autre chose à son épaule musclée. L’inexpérience transpire des traits du soldat qui reste figé, quand le juif abattu se relève et arme majestueusement son archet sur les quatre cordes. Les douces notes d’une triste mélodie s’élèvent enfin dans les airs mêlant cette mélancolie sans limites aux multiples bruits de cette fin de journée du 13 avril 1943, où règne détonations et cris, dans les extrémités sociales de l’Homme pêcheur…
« Arrête de jouer cette horreur ! Crie encore le SS, sa voix se perdant dans l’incompréhension et la remise en cause…
- Arrête de faire des horreurs… Répond Ruben, imperturbable. »
Les phrases de la musique s’enchaînent dans une parfaite harmonie, on croirait le chant des anges descendu dans l’ombre de la terre, pour éclairer une dernière fois ce monde à la dérive… La fillette n’a pas bougé, le SS, quant à lui, semble dépassé. Enfin, L’immoralité du soldat parvient à nouveau à prendre place à la conscience disparue, et la haine coule à nouveau dans les veines du jeune homme. Ses bras relèvent l’arme de mort vers le crâne du musicien qui, continue en pleurant à exprimer son âme sur les notes qui s’échappent aux vents…
« Je t’avais prévenu… »
La détonation part. La musique cesse. Ruben s’écroule, au côté de son frère, rejoignant celui-ci dans cette autre vie dont il est persuadé. Et ses traits se détendent enfin… Le violon percute le sol avec un son mat sur les pavés boueux et s’arrête près de son propriétaire. Plus jamais la musique ne s’élèvera à la face du monde de cet instrument, que l’âme a quitté, alors même que celle de Ruben respirait l’air des nuages. C’est fini…

dimanche 25 mars 2007

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Interrogatoire 039-D session principale du sujet 412#-52H -- rapporté le 4 décembre 1988 à 23h34 -- professeur K.

Professeur K. : Bonsoir. Comment vous sentez-vous aujourd'hui ?

Sujet 412#-52H : Je... Je suis fatigué.

Professeur K. : Qui êtes-vous ? Pouvez-vous me dire la façon dont vous vous appeler ?

Sujet 412#-52H : Je suis le sujet 412#-52H.

Professeur K. : Bien, vous avez beaucoup évolué de nos résultats peu concluants lors de la précédente session.

Sujet 412#-52H : La... La précédente session ?

Professeur K. : Non rien, laissez. A quoi pensez-vous en cet instant ?

Sujet 412#-52H : J'ai fais un rêve qui... Qui s'est inscrit dans ma tête quand je me suis réveillé de ce... ce rêve ! Il faisait peur. Oh oui j'ai eu peur, très peur, je me suis même réveillé ! Et je m'en souviens.

Professeur K. : Bien, et que racontais ce rêve ? Expliquez le moi voulez-vous ?

Sujet 412#-52H : Oui. C'était sombre, j'avais peur. C'est vrai le rêve faisait peur ! Oh je me suis même réveillé oui. Je me suis réveillé pendant le rêve, je... j'étais mouillé, ça oui, j'étais en sueur. J'avais peur...

Professeur K. : Oui mais, continuez à parler du rêve. Que si passait-il de si terrifiant ?

Sujet 412#-52H : Non, non ! Ce n'était pas un rêve, non ! C'était un... Un... C'était...

Professeur K. : Un cauchemar ? C'était un cauchemar ?

Sujet 412#-52H : Un cauchemar ? un cauchemar, un cauchemar, un cauchemaaaar ! Oui c'est ça c'était un cauchemar ! Et... Et il faisait peur !

Professeur K. : Il me semble que j'ai déjà suffisamment assimilé cette donnée, si vous vouliez bien, dès à présent, me raconter le contenu de ce... Cauchemar, nous avancerions certainement.

Sujet 412#-52H : Ce cauchemar ? Caaaaaauchemar ! Cauchemar, cauchemar, cauchemar, ha ha ! Oui c'est vrai, c'était un cauchemar !

Professeur K. : Vous êtes le sujet 412#-52H et vous allez me parler de ce rêve.

Sujet 412#-52H : Non pas un rêve, je... Je crois que...

Professeur K. : Parlez.

Sujet 412#-52H : Il y avait un homme... Assez grand, un peu gros ! Vous savez gros, gros comme les gens quand ils ont trop mangé des choses grasses ?

Professeur K. : Continuez.

Sujet 412#-52H : Oui... Oui... Il était gros, un peu, et... Et il partait en voyage. Un dur voyage, sans beaucoup de bagages, en fait presque pas de bagages. Je vois, je... J'ai vu ! Devant sa maison, devant sa maison, quand il a appris que son pays était en guerre contre celui d'à côté. Je l'ai entendu dans les hauts parleurs, il y avait des hauts parleurs près de la maison au début du rêve. Et puis il a entendu comme moi, il a regardé sa femme, jeune et jolie, souriante d'habitude. Et là le rêve s'est accéléré, et le soir, c'était le soir déjà, devant la maison. Les militaires sont arrivés, armés, en lumière, des grosses voitures, en lumière, des phares, éblouissant ! Je... Dans le rêve j'étais ébloui, j'avais peur ! Je me suis réveillé d'ailleurs...

Professeur K. : C'est tout le rêve est fini ?

Sujet 412#-52H : Non, je n'ai pas fini.

Professeur K. : Cessez de répéter que vous vous êtes réveillé dans ce cas, et parlez du rêve.

Sujet 412#-52H : Les militaires étaient là, ils grondaient, ils criaient, ils ergotaient sans cesse. L'homme ! L'homme était là, ils voulaient l'emmener à la guerre. Il ne voulait pas, il voulait sa femme qu'il aimait. Un des hommes à tirer la femme hors de la maison, par... Par les cheveux. Les militaires promettaient qu'ils la tueraient si l'homme ne venait pas à la guerre avec eux. Ils le répétaient inlassablement. Il a dit qu'il ne cèderait pas. Le chef des soldats a égorgé la femme, tout simplement, et ses militaires ont mis de force l'homme dans le camion, et puis ils ont jeté une grenade dans la maison. Et tout a explosé, toute une vie. Et j'ai eu peur du cadavre de la femme, en sang, elle avait toujours son petit sourire, figé... Et je me suis réveillé.

Professeur K. : C'est tout cette fois-ci ?

Sujet 412#-52H : J'avais peur... Je me suis réveillé. Elle... Elle... Le sang. Le sourire perdu.

Professeur K. : Taisez-vous maintenant, les résultats sont assez satisfaisants pour cette fois, nous reprendrons plus tard.

jeudi 22 mars 2007

[on/]

Interrogatoire 034-B première session du sujet 412#-52H -- rapporté le 25 novembre 1988 à 2h08 -- Professeur K.

Professeur K. : A quoi pensez-vous en cet instant ?

Sujet 412#-52H : Je... Je m'appelle Bill.

Professeur K. : Allons ne nous égarons pas. Vous êtes uniquement le sujet 412#-52H, vous vous souvenez n'est-ce pas ?

Sujet 412#-52H : Non, monsieur, non. Je suis Bill, oui moi c'est Bill, Bill Gord... Gord... Gordan !!

Professeur K. : Non, souvenez-vous vous n'êtes pas Bill, vous n'êtes pas monsieur Gordan, il n'y a jamais eu de monsieur Bill Gordan, tout cela c'est du passé, vous, vous n'êtes rien. Vous vous souvenez ? Vous n'êtes rien de rien. Bill Gordan n'existe pas.

Sujet 412#-52H : Siii !! Si monsieur, si ! C'est moi, c'est dans ma tête, je... je suis Bill ! Je me rappelle, je suis Bill. Aaaah je ne me souviens pas... Je me souviens monsieur, une salle, une salle verte et au milieu... Le... Le lit au milieu !

Professeur K. : Non vous vous trompez, ce lieu n'existe que dans votre tête. Ce lieu ne peut exister. Vous n'êtes pas ce Bill, il n'existe pas non plus, vous l'inventez, vous n’êtes personne, vous êtes rien du tout. Vous m'entendez n'est-ce pas ?

Sujet 412#-52H : Le... Le lit, le lit est au milieu et l'homme tout de blanc et ses fils ! Ses fils qui font mal quand on touche la peau, qui brûle, ceux qu'il m'attachait sur la tête...

Professeur K. : Non. Calmez-vous maintenant sinon je me verrais dans l'obligation de clore cette session afin de vous faire subir le traitement.

Sujet 412#-52H : Oui ! La salle, le... le traitement ! Je sais, je sais, je suis Bill Gordan ! Je... Je suis Bill ! L'homme tout de blanc et ses fils qui brûlent tout autour de ma tête c'est... C'était le traitement ! Pour que je ne sois plus Bill, pour que j’oublie. Je... Vous... C'est vous cet homme blanc ! C'est vous ! Nooooon arrêtez je vous en supplie !

Professeur K. : Je suis dans l'obligation d'annuler la session. Ne bougez pas.

Sujet 412#-52H : Non pas la seringue, pas le traitement, je vous en supplie ! Je suis Bill arrêtez je veux me souvenir, laissez-moi me souvenir de moi ! Non je...

samedi 3 mars 2007

Routine

J'ai pris le tram, puis le bus...
Regarder sans les voir, une fois, puis deux, les horaires du prochain bus et finalement aller s'asseoir en se disant qu'il ne va sûrement pas tarder mais sans la moindre idée de l'horaire precis..
S'asseoir toujours au beau milieu du banc de l'arrêt de bus, presque avachi contre la vitre de derrière et regarder sans les voir les grandes affiches publicitaires pour un parfum, de la lingerie ou autres choses que l'on ne s'achètera jamais.
Chercher sa carte de bus au dernier moment et ne plus se souvenir de la poche dans laquelle on l'a rangée.
A l'arrivée du bus, se lever prestement et s'avancer, presque sur la chaussée, comme si le bus ne pouvait contenir qu'une personne et qu'il fallait à tout prix être le premier à y entrer pour avoir une place.
Eviter au possible toute place assise juxtant une place ocupée.
Surtout ne pas remplir les rangs dans l'ordre croissant, un siège après l'autre, mais plutôt rechercher chaque fois la place la plus isolée possible.
Baisser les yeux, au nom de la bienséance et de la politesse, lorsque notre regard croise celui d'un autre passager.
S'occuper à regarder notre portable cinq fois en la minute, juste pour faire croire que l'on est occupé.
Ne pas sourire, on aurait l'air bien bête sinon.
Visser un écouteur dans une oreille, l'autre dans l'autre, monter le volume et se couper des bruits environnants, par d'autres sons,le long du trajet pour ne surtout pas avoir à faire la conversation à la gentille mamie assise en face de vous et qui vous sourit.
Planquer le sachet de commissions sous le siège, parce qu'après tout, ce que l'on achète ne regarde que nous.
Mâcher du chewing gum pour s'occuper la bouche. Parce-qu'une bouche béante, c'est forcément moins esthetique qu'un ruminement de bovin.
Que d'étranges coutumes de passagers...