Quelle est votre histoire préférée du Concours

mercredi 11 avril 2007

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Interrogatoire 783-H, bilan psychologique n°1 du sujet 412#-52H, supervisé par le professeur K et l’officier médical Staffenbaum – rapporté le 25 décembre 1988 à 14h17.

Professeur K. : Le 25 décembre 1988, à 14h21, et en compagnie de l’officier médical Staffenbaum affecté spécialement à ce service, bilan psychologique n°1 du sujet 412#-52H, nous pouvons commencer.
O.M. Staffenbaum : Bien. Sujet 412#-52H donc. M’entendez-vous ?
Sujet 412#-52H : … [grognements]
Professeur K. : Il est encore sous l’emprise du traitement, théoriquement il ne peut s’exprimer convenablement.
O.M. Staffenbaum : A quand remonte le dernier traitement ?
Professeur K. : Il y a deux heures environ. Les effets des médicaments s’estomperont dans une dizaine d’heures.
O.M. Staffenbaum : Quel traitement ?
Professeur K. : HP5Z*. Ainsi que des ajouts de doses d’extéllium et des drogues mélangées spécialement au laboratoire.
O.M. Staffenbaum : Poids ? Age ?
Professeur K. : Vous n’avez pas consulté le dossier ?
O.M. Staffenbaum : Pas cette page non… Mais je vous prierai de m’éviter cette formalité. Votre homme est une loque écervelée pour de nombreuses heures avec ce qu’il a subit et tout de qu’il a dans le sang. J’estime donc que nous pouvons nous exprimer sans risques.
Professeur K. : Oui… Il a 47 ans et pèse 94 kg.
O.M. Staffenbaum : Bien, il doit souffrir atrocement avec ce genre de traitement.
Professeur K. : Oui, je ne conseille à personne d’être dans sa tête en ces instants. Autant psychologiquement que physiquement, la douleur est intense, et… Et à son paroxysme pendant toute la durée des effets du traitement. Heureusement les somnifères le calment, et à défaut d’atténuer la souffrance, ils évitent des… des plaintes et…
O.M. Staffenbaum : …et d’horribles cris. Bien…
Sujet 412#-52H : Des reliefs… La tapisserie en relief. Comme jaune, comme beige, mais seulement au départ. Autour, le relief en blanc, on dirait presque des nuages. On s’y jetterait, oh oui on tomberait bien, mais non. Le relief enferme, entre quatre murs on reste là coincé, tout est fermé. Pas d’espoir, pas de peur…
O.M. Staffenbaum : Son organisme tient le traitement ?
Professeur K. : Difficile à dire, oui et non. Il me semble que…
Sujet 412#-52H : Hmmm… Relief, rose…
Professeur K. : Je… Tout porte à croire que son organisme supporte le traitement. Physiquement, il tient le coup. Mais… J’ai l’impression qu’il lutte constamment pour résister aux effets et rester conscient, pour palier au traitement afin de garder en mémoire des souvenirs, ou en tout cas ne pas sombrer dans l’abrutissement total.
O.M. Staffenbaum : Le rêve ?
Professeur K. : Entre autres. Disons que pour certains éléments c’est normal, tout ne peut être effacé, et surtout dans la folie, si on peut dire.
O.M. Staffenbaum : Augmentez le traitement.
Professeur K. : Il est très fort, il tient bon malgré le combat perpétuel qu’il livre aux drogues, mais justement cela l’épuise. Et je crains que…
O.M. Staffenbaum : Oui ?
Professeur K. : Si on passe à un traitement spécial supérieur, je ne lui donne pas deux semaines.
O.M. Staffenbaum : Nous verrons… Augmentez le traitement vous dis-je. Accumulez aussi les sanctions pour écarts de comportement. Faites en tomber n’importe quand, sans raisons. N’hésitez pas à faire une pression psychologique plus forte aussi. S’il le faut réveillez-le toutes les nuits à trois heures du matin. Augmentez surtout les électrochocs lors des traitements. Il faut rectifier ce défaut de notre sujet au plus vite. Si jamais il lâche, nous verrons.
Professeur K. : Bien, je commence dès ce soir.
O.M. Staffenbaum : Quant à ce cauchemar dont il vous parlait lors de l’interrogatoire 039-D, j’imagine qu’il n’en a pas refait allusion ?
Professeur K. : Non, c’était déjà très flou lorsqu’il me l’a raconté. Je pense que ce ne sont que des idées très vagues dans sa tête…
O.M. Staffenbaum : Plausible, après le choc. Si jamais cela se reproduit, prévenez moi.
Sujet 412#-52H : Vous avez tous…
Professeur K. : Il ne sait même pas que nous somme là.
O.M. Staffenbaum : Ses pensées s’enflamment, son cerveau se consume, et il le sent sans ne rien contrôler, ni ne rien comprendre… C’est magnifique l’homme qui souffre, lorsque nous atteignons la plus belle exactitude qui soit dans les limites entre la vie et la mort. Bientôt nous saurons enfin si l’organisme peut vivre l’âme ballottée, percée, puis tuée… Toutes les expériences progressent. Aucun dialogue ne semble envisageable aujourd’hui, nous pouvons clore cette session. Appliquez ce que je vous ai dit, et nous en verrons les résultats ensemble lors du prochain bilan psychologique.
Sujet 412#-52H : …des têtes de… Vous…

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