Quelle est votre histoire préférée du Concours

samedi 16 juin 2007

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Interrogatoire 42 treizième session du sujet 412#-52H – rapporté le 2 janvier 1989 à 00h19 – professeur K.

Professeur K. : A quoi pensez-vous en cet instant ?
Sujet 412#-52H : Avez-vous déjà regardé quelque chose attentivement ?
Professeur K. : Expliquez-vous.
Sujet 412#-52H : Et bien…
Professeur K. : Oui ?
Sujet 412#-52H : Je ne sais pas. Ce mur là au fond par exemple. Vous passez devant très souvent n’est-ce pas ? Très très souvent ?
Professeur K. : Bien entendu, mais je ne saisis pas.
Sujet 412#-52H : Avez-vous déjà fixé un point quelconque de ce mur, une fine excavation, une rainure, je ne sais pas quelque chose de ce mur ?
Professeur K. : Ce que je ne saisis pas, c’est le sens de cette question.
Sujet 412#-52H : Mais répondez-y.
Professeur K. : Eh bien… Je n’en sais rien.
Sujet 412#-52H : Voilà ! C’est ça ! Le monde est comme ça, et il l’a certainement toujours été. On vit sans voir… On ne regarde plus les choses réellement. Monde de profiteurs pour une terre profitée.
Professeur K. : Bien, mais qu’est-ce que cela changerait au monde que d’observer avec plus d’attention des détails futiles ?
Sujet 412#-52H : Rien, si ce n’est une sorte de… Une sorte de prise de conscience des choses qui entourent. Une fantaisie toute particulière aussi, une sorte d’attache sur le monde terrestre, et non le monde humain. Car on souffre dans le monde humain, mais si chaleureux, si accueillant reste le monde terrestre… C’est presque comme une ouverture sur l’espoir, une façon de se dire que là, juste sur ces quelques centimètres de matière que tout le monde fréquente sans vraiment voir, il y a un autre univers, quelque chose de simple mais très complexe, quelque chose de calme mais agité aux aléas du monde humain qui profite. On reste là fixé, bien, sans réfléchir, ou justement en réfléchissant trop sur tout ce que cela comporte.
Professeur K. : Et l’âme ? Il n’y a pas d’âme en ses choses…
Sujet 412#-52H : Il y a quelque chose. Cette symbiose incroyable des choses, des objets, tout ça semble agité d’un souffle de création mystérieux incroyable…
Professeur K. : Je ne crois pas.
Sujet 412#-52H : Comment alors tant de complexités ? Comment tant de calme étrange, tant de parfaites synchronisations vitales à l’existence humaine. Nous sommes les acteurs d’un décor absolument fantastique.
Professeur K. : C’est possible. Mais les objets n’ont qu’une chose, c’est l’utilité que l’Homme leur porte, rien d’autre. Il est donc inutile de s’attarder sur ce genre de détails. Les objets sont là, utilisons les. Ceux qui ne sont pas là, mais dont le besoin se fait sentir, l’Homme les invente. Et la réflexion s’arrête là.
Sujet 412#-52H : Acceptation… Aucune reconnaissance au monde, hein ?
Professeur K. : Que voulez-vous dire ?
Sujet 412#-52H : Je ne sais pas, je ne sais plus. Je n’arrive pas à… A comprendre ce que je pense… Tout est flou dans ma tête vous comprenez ? C’est comme si les choses s’entrechoquaient, sans vraiment envoyer les informations où il faut.
Professeur K. : Je vois. Cela fait longtemps que vous n’avez pas eu de médicaments, c’est certainement dû à ça.
Sujet 412#-52H : Je ne sais pas, des fois je vous vois flou. Des médicaments vous dites ? Des médicaments… Des… Non ! Pas des médicaments ! Pas le… Le traitement !
Professeur K. : Allons bon, calmez-vous, vous savez ce qu’il se passe sinon. N’ayez crainte tout ce que nous faisons, c’est pour vous aider, vous guérir.
Sujet 412#-52H : Mais je ne me souviens même plus d’où je viens et pourquoi je suis ici… J’ai l’impression d’oublier, d’être sous l’emprise de produits.
Professeur K. : Ne réfléchissez pas, tout ce que vous dites est déjà très intéressant et… Nous, nous savons ce que vous faites là.
Sujet 412#-52H : Vous ? Je… Je peux vous faire confiance alors ?
Professeur K. : Bien entendu… Nous allons prendre le traitement maintenant…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pas mal du tous clément, je trouve sa génial ^^