Quelle est votre histoire préférée du Concours

vendredi 21 mars 2008

Dans la froideur d'une nuit

Une dernière cigarette,
Elle l'allume avec rage parce qu'elle sera l'ultime symbole de sa révolte dans ce monde.
Elle tire quelques bouffées le long d'une ruelle qui apparait de plus en plus sombre. Mais elle le connait par cœur ce chemin, pas besoin de lumière pour l'y emmener.
Le long de cette allée, elle pense, elle pense au froid qui envahi toutes les parties de son corps, comme lui. Elle pense à hier.
Elle continue à marcher, la chaleur de la cigarette lui réchauffe la main, elle savoure chaque bouffée de fumée, de cette merde qui la bouffe, de tout ce qui est mauvais ici, elle savoure lentement ces instants où tout rentre en elle, l'envahi, et c'est l'extase... Sa vengeance n'est pas loin... et elle recrache tout ce qui la dégoute.
La clope à la bouche elle est plus belle que jamais elle ne l'a été.
Des larmes s'écrasent sur le sol, c'est son adieu à toutes ces personnes qu'elle aime si fort, à toutes ces personnes qui ont fait que sa vie ait été belle, à toutes ces personnes qui, si elles avaient été là, l'auraient empêchée de continuer jusqu'au bout du chemin.
La cigarette ne tiendra plus longtemps et elle continue à savourer chaque inspiration profonde et chaque frottement que la fumée laisse sur ses lèvres...
Elle repense à son enfance, tous ces rires et fous rires, ces lieux où elle pensait que l'éternité existait. Elle pense à tout ce qui lui reste de lui et de ces moments passés trop vite. Elle pense à ce qu'aurait pu être sa vie si elle n'avait pas eu cette foutue maladie. Elle pense, une chose que personne ne pourra jamais lui empêcher de faire et c'est ce qui fait son plus grand bonheur sur ce lugubre chemin...
L'heure des dernières bouffées de goudron, de nicotine et autres merdes de ce monde, l'heure où la lumière qui allumait celle-ci a atteint le filtre et où les dernières notes de chaleurs s'écrasent sur un sol gelé par un pas ferme et décidé.
C'est ici son endroit préféré...
La dernière bouffée qui effleure ses lèvres.
Elle sort son arme, les yeux levés vers le ciel comme en quête d'un dernier clin d'œil, et...

C'est un corps sombre qui tombe avec toute sa grâce sur le sol, à côté de sa fidèle amie éteinte, où s'étend bientôt une marre de sang. Rouge, sa couleur préférée, sur ses lèvres au doux parfum de sa dernière envie.
On peut encore sentir l'étreinte de sa main qui porta l'arme jusqu'à son cœur. De celui-ci jaillit un ruisseau de sang, d'un corps fait de plaies insoignables, de cicatrices encore fraîches sur ses mains. Une dernière larme tente doucement de sortir de ses yeux bleus qui reflétaient les étoiles dans le ciel.
Le froid s'installe maintenant en roi dans son corps.
Elle est froide, froide comme une pierre tombale.

C'est donc un soir d'hiver qu'elle décida que ce monde n'était pas le sien. Tout le monde savait que l'hiver était sa saison préférée car le soleil n'était pas très présent. Elle aimait la nuit, les étoiles, la lune et son reflet sur la neige étincelante.
Son adieu à ce monde qu'elle détestait tant. Sa propre liberté.
Dans sa main couverte de sang un morceau de papier, quelques lettres posées dessus, presque indescriptibles, mais on pouvait lire: "bravo, tu m'as tué!"
On l'enterra jeudi dans un sol gelé, avec un vent de tempête.

C'est encore un soir d'hiver qu'il décida d'ouvrir les portes du cimetière, ces portes grinçantes comme pour lui faire sentir que le désastre était bien réel. Il avance le long de cette immense allée, et aperçut tout de suite l'unique tombe recouverte de magnifiques fleurs. Son cœur battit tellement fort qu'il aurait put faire trembler la terre entière. Et soudain, des milliers de picotement envahirent ses yeux. Il lava sa tombe de ses si belles larmes, des larmes d'un amour qu'il a refoulé, en se demandant ce soir pourquoi. Et pourquoi elle?
Il posa sa main sur le cadre d'une photo d'elle, souriante, comme elle a toujours su l'être, même si derrière un sourire peut se cacher le plus grand des maux. Il caresse le cadre, se rappelant comme sa peau était douce. Mais tout ce que le cadre lui renvoi n'est que sa dureté et sa froideur.
Il n'est pas venu le jour de son enterrement. Il n'a pas pleuré. Il n'a rien fait que de regarder pendant des jours entiers le ciel avec ses étoiles, et écouter la musique qu'ils s'échangeaient. Le monde avait cessé de tourner. C'est comme s'il vivait le plus terrible des cauchemars. Il n'avait plus aucune force pour venir lui dire adieu."Adieu", il connaissait trop bien ce mot. Ils s'étaient séparés pendant quelques longs mois laissant une histoire inachevée derrière eux et pensant que l'éloignement leur ôterai leurs sentiments l'un envers l'autre. Mais le destin les rapprocha à chaque nouvelle tentative. Il souhaiterait que le destin fasse de même maintenant. Il savait que les blessures régnaient en elle, elle avait beau lui dire tous les mots pour le rassurer, lui dire que ce n'était rien de grave, le remord avait prit une trop grande place dans sa vie à lui. Ils s'étaient promis de ne pas se laisser tomber. Leur histoire, personne ne saurait la définir, mais ils jouaient au jeu difficile qu'est l'amour.
La voilà maintenant, devant ses yeux, sous terre, ou dans les étoiles...

Quelque jour plus tard, il trouvera dans sa boite aux lettres, une enveloppe contenant ses derniers mots. On pouvait retrouver des traces de larmes pleines d'un maquillage ayant coulé le long de ses joues et tombant goutes à goutes sur le papier.
"Regarde comme la vie est belle, lui avait-elle écrit, tu me l'as fait découvrir avec tes yeux, maintenant ne regarde pas ma vie, mais regarde où te mène la tienne..., de merveilleux jours t'attendent.
Je ne te laisse pas tomber, mais je vis encore en toi, tu le sais très bien.
Tu n'as plus à avoir peur pour moi maintenant, je suis bien là où je me trouve.
Alors vis pour moi.
Tu m'as fait découvrir l'amour pur, le véritable, et l'immuable. L'amour qui malgré la distance garde sa place et ne feint pas.
L'amour qui ne se montre que par des attitudes, des croisements de regards, mais aucune main qui se tiennent ensemble.
Je n'aurais su te donner plus beau. Chaque histoire trouve sa fin. La notre est écrite sans même avoir réussie à commencer.
Il t'aurait suffit de deux mots...
Je ne voulais pas d'un amour pour la vie, je cherchais juste un amour qui m’épaulerait et tu en as été capable.
A toi, petit amour d'un toujours.
Je t'aime."
Dans le sifflement du vent il croyait entendre sa voix.
Il s'écroule. C'était elle.

A qui voudra bien l'entendre. Elle est partie et ne reviendra pas..., où s'est passé l'erreur qui lui a coûté la vie?

9 commentaires:

Anonyme a dit…

fichtre, mais ça donne froid dans le dos !!

DoZeR a dit…

moi ça m'a pris à froid...

Anonyme a dit…

Certes, mais restons jury impartial. Analysons le froidement.

Anonyme a dit…

Une histoire d'amour, amour d'une vie pas vécue, amour déchu,...
Le suicide, encore trop présent, une réalité parfaite.
La nuit du personnage est certe froide, l'ambiance glaciale, mais l'histoire m'a fait frémir par la sincérité et la véracité. Y aurait-il du vécu?
En tout cas, l'auteur dégage votre thème d'une manière très originale!

Anonyme a dit…

Il s'agit surement du plus beau texte publié dans cette page. Le vécu transparait, le froid nous glace. Quoi de plus original que de traiter le symbole du froid psychologique, par une ambiance glaciale. Le texte surprend par sa brutalité peut-être, mais le froid n'est-il pas brutal, voire fatal?
Je ne suis, dans ce commentaire pas impartial car je suis trop touchée par cette histoire qui fait remonter en moi tellement d'émotions oubliées... Pourtant voila le genre de texte qui peut vous faire pleurer. N'est-ce pas le but de l'écrivain. Si le jury est réellement impartial, ce texte gagner surement.

Anonyme a dit…

j'ai trouvé ce texte plutôt bien mené, j'ai apprécié l'histoire, le fait qu'on s'y plonge assez aisément !
Bel effort, bref, ceci dit j'attends de voir les autres histoires du même genre pour comparer ?

Anonyme a dit…

Wah, comme la dit DoZeR ça prend à froid. Mais wah quoi! J'aime, les mots viennent droit, en pleine face. J'adore ce passage où il fini de lire la lettre qu'elle lui a laissé: "Il s'écroule. C'était elle.". Je suis presque tombé de ma chaise en lisant rien que ces deux petites phrases. Comme quoi rien que quelque petits mots peuvent venir vous prendre aux trippes.

Je sais pas qui a écrit çà, mais j'aimerai bien savoir si cette histoire sort d'un vécu, quelqu'un l'a déjà demandé je crois.

Le suicide de cette fille est si brutal que lui aussi nous effraye, mais il nous laisse beaucoup à réfléchir sur notre vie, pas notre fin, mais notre but.

Putin j'en ai encore des frissons quand je relis certain passage. Le froid n'est-il pas réellement exprimé dans ce texte?

A vous juges....de juger.

Bravo à l'auteur. Je m'écroule.... ;)

Anonyme a dit…

Hey! Mais c'est mon texte! lol

Merci pour les commentaires c'fait plaisir =)!

J'ai cru comprendre que beaucoup se posait la question de si ce texte est tiré d'une chose vécu.
Je n'ai jamais fait de tentative de suicide, mais je connais bien la sensation que l'on peut avoir lorsqu'on se sent emprisonné, que l'on ne trouve plus de solution. J'ai simplement relié le suicide (chose très importante de nos jours chez nous jeunes ados) à une histoire d'amour.

Pour l'histoire d'amour, il y a du vrai. Je pense simplement qu'on peut passer à côté de trop belles choses lorsqu'on n'écoute plus son coeur.
Dans mon histoire le garçon s'écroule car il se rend compte trop tard qu'il l'avait aimé trop fort et que cet amour l'avait aveuglé, il se rend compte qu'il vient de perdre l'amour de sa vie. Sans avoir pu la sauver.

Vous allez me dire mais quel est le lien avec le thème du concours? lol
L'amour représente la chaleur pourtant....mais lorsqu'un coeur a été brisé, il n'est plus qu'un corps sans âme, froid.
Ce n'est pas un froid glacial que je veux vous faire ressentir, mais je voulais que les frissons vous traversent... ;)
Je ne suis pas bonne en philo, je sais juste que j'aime écrire ce que je ressens en m'inventant des petites histoires. Elles guérissent mes blessures d'un hier trop dur...

Les autres histoires sont superbes. De belles plumes sont sorties de leur tiroir. Alors que le jury soit impartial et que le meilleur gagne.

Et désolé à la personne qui va surement ressentir quelque chose, mais quoi je n'en sais trop rien, en lisant mon commentaire.

DoZeR a dit…

Merci d'avoir répondu aux questions !
à suivre donc !

(et on ne demande pas de philosophes ici !)